Charles SITZENSTUHL (EEI 2011)

"La Golf Blanche " aux éditions Gallimard.

 

 

Ce récit raconte la rupture d'un fils avec son père. Dans les années 90, le narrateur habite un quartier sans histoire de Sélestat, ville moyenne du Centre-Alsace. Il vit dans une maison ordinaire avec sa mère, institutrice, son père, responsable technique dans une usine de cuisines, et sa soeur. Il a six ans au début de l'histoire. Il essaye de construire une relation affectueuse avec son père, d'origine allemande. Son père lui répond par de l'indifférence, du mépris ou de l'hostilité. Au fur et à mesure que le narrateur grandit, il découvre la violence de son père contre sa mère, puis la violence contre lui. Chaque sortie en famille, chaque déplacement dans le village natal de son père en Allemagne provoque des insultes et des scènes de plus en plus violentes. Au fil des pages, le narrateur réalise qu'il ne construira jamais aucune relation avec son père. Sa violence tourne à la folie. Elle menace la vie de sa mère, et la sienne. Elle se traduit par des monologues délirants, des insultes à répétition, dans un mélange de français et d'allemand. Les chapitres enchaînent des scènes de promenade en forêt, dans les vignes ou le long du Rhin, qui tournent au désastre, des activités sportives qui virent à l'humiliation, des repas de famille qui s'achèvent dans le chaos. Au terme de ces huit ans de tyrannie paternelle, le narrateur provoque le départ de son père. Il ne le reverra jamais. C'est un premier texte bouleversant et d'une grande intensité littéraire. L'écriture est splendide, elle trouve la bonne distance pour parler d'un père tyrannique, dont la folie et la cruauté enflent au fur et à mesure du récit. L'auteur possède l'art de camper en quelques mots un personnage et un paysage, on est immédiatement en « présence » de chaque situation. Sur ce sujet, c'est un premier roman remarquable