Trophée 1993 - Louis HEINTZ

 

Louis Heintz (ECOFI 1953)

Diplômé de la Section Economie et Finances 1953, Louis HEINTZ est également licencié en droit. Il est ancien Président Directeur Général d'une société de transports maritimes, terrestres et fluviaux et a été Président de l'Association pour la Promotion de l'Alsace.

Témoigner d'événements, quels qu'ils soient, et plus encore de motivations ou d'idées cinquante cinq années plus tard, suppose une capacité de mémoire et d'objectivité que je ne suis pas certain de posséder.

Se reporter en arrière par la pensée, rechercher l'incidence d'un choix d'études universitaires à dix huit ans sur l'évolution personnelle et professionnelle d'une vie demande beaucoup de modestie et de circonspection.

"Ecrire à l'envers dans un miroir peut mystifier les autres autant que soimême", disait Malraux.

Pourquoi donc avoir choisi Sciences Po Strasbourg en 1950 ? Peut-être tout simplement par élimination, les classes préparatoires aux grandes écoles impliquant trop d'effort, et j'était né paresseux, et peut être également à la suite de conversations avec un ami déjà à Sciences Po, François Muller en l'occurrence, qui m'expliquait que les cours de Sciences Po n'étaient pas dénués d'intérêt et pouvaient être combinés, en ce temps là du moins, avec les cours de la Faculté de droit, si l'intéressé était moyennement doué.

Quelques informations complémentaires auprès de banques et grandes sociétés m'apprirent aussi que le diplôme de Sciences Po et des études de droit étaient dans certains cas assimilés, quant à l'échelle d'entrée, à un diplôme de l'une ou l'autre grande école commerciale. A la suite de quoi je me suis retrouvé à l'IEP, celui de Strasbourg bien entendu car Strasbourgeois de naissance et de résidence, ainsi qu'à la faculté de droit.

Sautant en semaine d'un cours de Sciences Po à un cours de droit, et le week end en parachute à Entzheim ou au Polygone, les années ont passé très vite.

Que reste-t-il de cette époque et quelle fut son incidence sur ma vie ? Difficile de répondre à cette question.

Si Sciences Po m'a indiscutablement donné le classique " ouverture d'esprit " liée à ce type d'études, ainsi que de bon éléments de culture générale, ce sont en fait mes études juridiques, et plus particulièrement celles de droit maritime, choisi comme cours à option car donné par un professeur de droit civil que j'appréciais particulièrement, fut pour moi une révélation et m'emporta sur toutes les mers du monde.

C'est ainsi qu'après un assez long passage à l'armée, guerre d'Algérie oblige, c'est vers un grand port que le mer du Nord que me charria le Rhin. C'est là, ensuite, qu'un vent favorable me poussa au fil des ans de la situation de stagiaire à celle de président et administrateur, dans divers pays, de plusieurs sociétés, maritimes, portuaires, fluviales, routières, etc.

Les responsabilités dans la vie associative accompagnent souvent celles de la vie professionnelle, et c'est certainement dans ce contexte associatif que la formation Sciences Po m'a rendu un grand service, qu'il s'agisse du Conseil Supérieur des Français à l'Etranger, des Chambres Françaises de Commerce et d'Industrie à l'Etranger, des Conseillers du Commerce Extérieur, de conseils d'administration d'organisations professionnelles, etc.

En attendant que l'autopsie confirme ce qui précède, je conclurai par ce qui fut et est toujours pour moi le meilleur et le plus important souvenir de Sciences Po Strasbourg : c'est sur les bancs de l'Institut, à cette époque dans le beau Palais universitaire, que j'ai rencontré Irène Scheveleff qui devint en 1955 ma femme.

Le trophée Sciences Po Strasbourg décerné en 1993 au Président de l'Association pour la Promotion de l'Alsace a donc été doublement apprécié.